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Jeunes burkinabè fiers d'avoir semé le désordre dans leur pays
Jeunes burkinabè fiers d'avoir semé le désordre dans leur pays

En Afrique noire, les opposants politiques enseignent aux jeunes des mauvaises manières de "revendication" ou de manifester contre le pouvoir. Au nom de quelle soif de démocratie on se croit en droit de mettre le feu à une Assemblée nationale, à la télévision publique; d'incendier des domiciles de personnes proches du pouvoir ? Ceux qui poussent à de tels agissements oublient souvent qu'ils aspirent eux aussi à diriger leur pays, et que, demain, ça sera leur tour. Hier, la Côte d'Ivoire et aujourd'hui, le Burkina Faso: 2 pays, situation politique similaire.

Le Général Guéi "était tranquillement" chez lui "au village" quand des militaires sont allés le chercher pour l'installer au Palais d'Abidjan. La Côte d'Ivoire venait de connaître son 1er coup d'Etat réussi de l'histoire. La suite est connue: le Général putschiste, refusant de céder le pouvoir aux civils comme convenu, a taillé des élections présidentielles sur mesure pour confisquer le pouvoir. Le soulèvement populaire qui s'en est suivi a soumis le paisible pays d'Houphouët-Boigny à un cycle ininterrompu de tentatives de coups d'Etat et de violences, de 1999 à avril 2011. Depuis la fin de la crise, les Ivoiriens essaient difficilement, par la réconciliation, de coudre les brèches ouvertes dans le tissu social.

Au Burkina, c'est aussi un ancien Général, Kouamé Lougué, que des opposants aimeraient voir brusquement à la tête de l'Etat, en remplacement du président Compaoré. ATTENTION: une fois installé, rien ne garantit que le Général Lougué acceptera de quitter le pouvoir lorsqu'il aura rallié à sa cause une bonne partie de l'Armée.

Autre problème de taille: l'incapacité de l'opposition à s'accorder sur l'essentiel pour une gestion collégiale du pouvoir quand Compaoré aura quitté le Palais de Cosyam, soumettant du coup le pays des "hommes intègres" à une instabilité politique chronique, comme en Côte d'Ivoire.

Au Mali, ce fut aussi à une petite année de l'élection présidentielle que Toumani Touré a été chassé par une partie de l'Armée. Le désordre ayant résulté (à cause du "vide sécuritaire") a été du "pain béni" pour la nébuleuse djihadiste. N'eut été la réaction prompte de la France, l'Etat malien, voire l'Afrique de l'Ouest, serait devenu un sanctuaire du terrorisme. Comme quoi, on ne rompt pas si brutalement un ordre établi depuis des décennies sans prendre de violents contre-coups. Après tout, c'est la plénitude des douleurs de l'enfantement: la démocratie. Mais le risque, c'est de créer plus de problèmes qu'on veut en résoudre.

Le sensationnel ne doit pas prendre le pas sur la sagesse. L'envie de détruire ne fait pas bon ménage avec le sentiment de bâtir. Les jeunes burkinabè ont au moins l'avantage d'avoir regardé de près le drame ivoirien et d'en tiré des leçons. Je l'espère !

Tag(s) : #CHRONIQUES POLITIQUE
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